Intervention de Philippe Val lors de la manifestation de protestation contre la discrimination d'Israël à l'ONU

Le 18 mars 2019, lors de la manifestation pour protester contre la discrimination d’Israël aux Nations Unies, Philippe Val, journaliste, écrivain et ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo a pris la parole. Vous pouvez revoir toutes les interventions ici.
Bonjour à tous, chers amis bonjour,
Je vois un drapeau italien là-bas et je vais aller très vite parce qu’il y a beaucoup d’orateurs. Je ressens une profonde antipathie pour le gouvernement italien actuel et je partage, je pense, cette antipathie avec énormément de citoyens européens et je pense que l’Italie flirte avec la catastrophe.
Je ressens cette antipathie profonde et néanmoins, pour autant, je continue à aimer tendrement mes amis italiens, je continue à aimer tendrement l’Italie, qui comme tous les Etats de droit, est pour moi comme une seconde patrie et nulle part je n’entends parler d’anti-italianisme, nulle part j’entends dire qu’il faut rayer l’Italie de la carte.
Donc, quand il s’agit d’Israël, évidemment, on peut critiquer la politique du gouvernement israélien mais on entend qu’on peut rayer Israël de la carte. Il y a quelque chose de biaisé qui montre à quel point il est fou d’avoir toléré pendant si longtemps le terme d’antisionisme qui de toute évidence était un antisémitisme comme l’anti-italianisme aurait été un racisme. Donc, maintenant je pense que le doute est levé et que l’antisionisme est une forme moderne, un jargon, un mot de jargon qui remplace le mot antisémitisme.
Alors, l’Etat d’Israël est menacé sur ses frontières, l’Etat d’Israël est menacé par la majorité des organisations terroristes, l’Etat d’Israël se doit de protéger ses citoyens. Il faut rappeler cela. Et je voudrai maintenant dire qu’il y a deux sortes de votes à l’ONU pour condamner Israël : il y a le vote des dictatures et le vote des Etats de droits.
Donc que révèle le vote et les condamnations par les dictatures ? Ces dictatures incapables d’administrer correctement leur pays, préférant la corruption et l’enrichissement personnel au progrès de leur peuple, plutôt que de construire des hôpitaux, plutôt que de travailler au bien commun, ils s’enrichissent.
Pour pouvoir continuer à exercer cette dictature, ils ont recours à des procédés qui sont vieux comme l’humanité : il s’agit de trouver un ennemi commun à détester ensemble et Israël est tout désigné, Israël est tout désigné pour servir d’alibi, pour créer une sorte de cohésion dans les dictatures, une cohésion populaire, une cohésion de ces peuples qui sont grugés, volés par leurs dirigeants.
Et je voudrais dire une chose très rapidement c’est que tant que la haine d’Israël sera instrumentalisée par les dirigeants de ces pays, les pays musulmans ne connaîtront ni progrès, ni justice, ni prospérité, ni liberté. L’antisémitisme est le piège dans lequel leurs dictateurs les enferment. Voilà ce que révèle déjà le vote des dictatures.
Que révèle la condamnation d’Israël par les démocraties à l’ONU ? En général il s’agit de pays à forte présence de concitoyens d’origine musulmane. Et les leaders d’opinion, les politiques, par démagogie et par calcul électoral, cherchent à capter les voix de ces populations d’origine musulmane dont ils supposent qu’ils détestent Israël.
Il n’y a là-dedans aucun souci de justice dans cette condamnation d’Israël, aucun souci de répondre aux exigences éthiques qui fondent l’organisation des Nations Unies, aucun. Ces condamnations sont des actes politiques à usage interne, qui relèvent de la simple et claire démagogie.
Alors la conjonction de ces deux trahisons, celle des dictatures qui trahissent leur peuple et celle des démocraties qui trahissent leur opinion, la conjonction de ces deux trahisons a les conséquences les plus graves, les plus graves. Ces deux condamnations sont des catalyseurs tout simplement de l’antisémitisme.
L’ONU créée pour maintenir la paix entre les nations après la Seconde Guerre Mondiale est en train de rallumer un des principaux arguments de propagande qui a déclenché la tragédie de la Seconde Guerre Mondiale, c’est-à-dire l’antisémitisme.
La lutte contre cet antisémitisme est une question de vie ou de mort pour tous les Etats de droits.  C’est pourquoi nous nous battrons jusqu’au bout, c’est pourquoi nous ne baisserons jamais les bras, et c’est pourquoi nous gagnerons, merci.

UN Watch