Nous, anciens prisonniers de conscience, dissidents, victimes de torture, de persécution et de répression, combattants pour la liberté, la démocratie et la dignité de tous les êtres humains, réunis ici au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, le 22 septembre 2011, déclarons par la présente:
Il y a soixante-dix ans, cette semaine, face à la tyrannie nazie, les nations se sont réunies à Londres pour proclamer les Quatre Libertés de la Charte de l’Atlantique, qui sont le droit naturel de tous les êtres humains et la marque distinctive de la société démocratique: avoir la liberté de parole et de croyance et être libéré de la terreur et de la misère. Ces quatre libertés constituent le préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Il y a vingt ans, l’Union soviétique, l’autre grande tyrannie du vingtième siècle, s’est effondrée sous les appels à la liberté qui ont d’abord résonné dans ses États satellites. Aujourd’hui, au Proche-Orient, nous sommes témoins du même appel qui se fait entendre du Caire jusqu’à Tripoli et à Damas, tandis que les vieux régimes sont balayés de la main ou s’accrochent au pouvoir en usant de moyens toujours plus brutaux.
Inspirés par le courage et l’idéalisme démontrés par des femmes et des hommes ordinaires, luttant pour les libertés fondamentales partout dans le monde; en colère à cause des terribles actions sans cesse perpétrées par les régimes autoritaires, y compris le génocide, la torture, la violence perpétrée par l’État, le viol et la famine en tant qu’instrument de répression politique, l’incarcération de milliers d’hommes et de femmes de conscience, la mise au silence des voix dissidentes, la persécution xénophobe des minorités, le refus de la liberté de pensée, de croyance et de religion, nous, qui avons survécu à la répression dans notre propre pays d’origine, reconnaissons que les êtres humains peuvent être foulés du pied mais que leur esprit ne peut jamais être détruit.
À ce moment décisif de la lutte pour les droits universels de l’homme, nous célébrons la défaite du dictateur libyen le colonel Mouammar Kadhafi et la chute des autres régimes brutaux dans la région environnante.
Aux tyrans et dictateurs encore au pouvoir partout dans le monde, qui ont systématiquement violé les droits de leur peuple, nous disons: «Votre temps est révolu.» Le monde n’endurera plus vos arguments trompeur pour justifier des politiques et des actes d’abus et de répression au nom de prétendues exceptions à l’universalité des droits fondamentaux de l’homme. Appartenant à des confessions et à des cultures diverses, et originaires de toutes les régions du globe, nous, les auteurs de la présente Déclaration, rejetons sans équivoque ces excuses malhonnêtes qui servent les intérêts des despotes et non pas les intérêts ou les idées de leur peuple.
Nous soutenons que le texte de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée Générale, doit continuer de circuler parmi toutes les sociétés, jusqu’à la fin des temps. La parole des tyrans est réfutée par les cris des prisonniers—qui, depuis les geôles de la Birmanie, de la Chine, de Cuba, de l’Iran, de la Corée du Nord, du Pakistan, du Tibet, du Vietnam, du Zimbabwe et d’ailleurs—exigent la justice et la liberté en prenant appui sur ces lois universelles et ces vérités éternelles.
Par conséquent, en renouvelant la promesse de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, nous demandons à l’Organisation des Nations Unies de faire du rêve des quatre libertés une réalité. Nous demandons instamment à l’Assemblée Générale des Nations Unies de poursuivre un nouvel agenda pour les droits de l’homme et nous demandons aux États membres de :
- Soustraire les gouvernements tyranniques de leur position de pouvoirs spéciaux dans le système des droits de l’homme des Nations Unies. Nous accueillons la suspension du régime Kadhafi cette année du Conseil des droits de l’homme imposée par les Nations Unis et les campagnes réussies pour empêcher l’élection de l’Iran et de la Syrie au sein de cet organisme et nous demandons à l’Organisation des Nations Unies de continuer sur la voie de la réforme, notamment en :
- Suspendant la Chine, Cuba, la Russie et l’Arabie Saoudite du Conseil des droits de l’homme de l’ONU;
- Retirant l’Iran de la Commission de la condition de la femme;
- Expulsant l’Arabie Saoudite du Conseil d’administration d’ONU Femmes.
- Adopter les résolutions annexées sur les situations critiques de violations des droits de l’homme qui ont été jusqu’ici négligées ou ignorées aux Nations Unies;
- Soutenir la cause de la société civile en dénonçant la persécution des défenseurs des droits de l’homme et des dissidents et en défendant la liberté des organisations non gouvernementales d’intervenir en vue de mettre fin aux lois et aux pratiques répressives;
- Garantir la liberté de parole, de presse et de réunion, laquelle est le principe vital de la démocratie;
- Condamner la censure, le harcèlement et l’incarcération des défenseurs de la liberté et de la démocratie sur Internet;
- Exiger l’égalité, la liberté et la tolérance des minorités partout dans le monde;
- Défendre les femmes qui sont victimes de subjugation sanctionnée par l’État;
- Protéger les enfants contre les idéologies de haine et d’intolérance qui encouragent le mépris des droits fondamentaux.
Signé le 22e jour de septembre 2011, à l’ouverture de la 66e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, pour «We Have A Dream: Global Summit Against Discrimination and Persecution».