Le régime nord-coréen peut s’effondrer du jour au lendemain


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Plusieurs Nord-coréens ayant fui leur pays témoignent au Conseil de droits de l’homme

En partie éduqué en Suisse, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un allait-il faire bénéficier son pays de son expérience démocratique? Quatre ans après sa prise de pouvoir, suite au décès de son père, Kim Jong-il, plus personnes n’y croit. «Il n’y a aucun espoir de changement, explique Ji Seong-ho, une personne handicapée ayant fui son pays en 2006 et venue témoigner de son calvaire au Conseil des droits de l’homme. Il est plus cruel que son père, la répression s’est renforcée. Il est temps que la communauté internationale saisisse la Cour pénale internationale pour le juger.»
Dans l’immédiat, c’est la crainte d’un nouvel essai nucléaire ou de tirs de missile nord-coréens qui inquiètent l’ONU. Kim Jong-un en a proféré une nouvelle fois la menace mardi. La présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, a rétorqué que «si la Corée du Nord continue ses provocations, elle marche sur la voie de l’autodestruction».

«Je remercie la Chine, mais…»

Ji Seong-ho a été amputé de la jambe gauche et du bras gauche après avoir été happé par un train alors qu’il tentait de fuir avec du charbon volé. C’était en 1996, il avait 14 ans. Opéré sans anesthésiant, encore plus pauvre, il fuit vers la Chine qui le renvoie peu de temps après de l’autre côté de la frontière. Il va alors subir la torture et les humiliations pour avoir «sali la réputation de la nation» en exposant son handicap et sa misère à l’étranger alors que, selon la propagande, «le leader suprême a fait de la Corée du Nord le pays le plus attractif du monde».
Réfugié à Séoul, Seong-ho Ji est actif dans une ONG de défense des Nord-coréens handicapés. Il se félicite des récentes sanctions de l’ONU contre son pays. «Je remercie la Chine de s’être associée à ce vote. Mais elle doit faire encore davantage pression», estime-t-il.

«C’est trop du pour Kim Jong-un»

Myeong Chul Ahn, ancien gardien de prison ayant fait défection également venu à Genève à l’invitation de l’ONG UNWatch craint la réalisation imminente d’un scénario que toutes les capitales redoutent: l’effondrement du régime du jour au lendemain. «Le régime est devenu très instable, explique-t-il. Kim Jong-un est arrivé au pouvoir trop jeune et mal préparé, contrairement à son père. Il a pris énormément de poids, c’est le stress, c’est trop dur pour lui.»
Manquant de confiance, le dirigeant nord-coréen aurait écarté les rares personnes qui osaient lui dire la vérité en les faisant exécuter, tout en s’entourant de flagorneurs. «Il est hautement probable qu’il fasse une erreur de jugement sur les relations intercoréennes, juge Myeong Chul Ahn. Il est capable d’user de l’arme atomique à tout moment. Il ne se soucie pas des recommandations de la communauté internationale.»

Plus dur de partir

La plupart des experts doutent toutefois de la maîtrise actuelle par Pyongyang de l’arme nucléaire. Des essais de la bombe à l’adaptation d’une telle charge sur un vecteur, il y a un pas que le régime n’aurait pas encore franchi même s’il se vante aujourd’hui d’en être capable.
Na Young Mi a elle aussi fuit la Corée du Nord. D’abord pour échapper à la faim, en 1998. Elle sera mariée de force à un paysan chinois. Renvoyée par la police chinoise alors qu’elle est enceinte de sept mois, le médecin de son village procède à son avortement. Accusée, elle aussi, d’avoir sali l’honneur de la nation en portant un «bâtard», elle va subir les coups, la torture et les insultes quotidiennes avant de pouvoir fuir une seconde fois, en 2009, vers la Corée du Sud cette fois-ci. Selon les témoignages qu’elle peut recueillir de sa famille restée en Corée du Nord, «il est devenu beaucoup plus difficile de s’évader» de son pays.

UN Watch