In an interview with Geneva’s Le Temps, former UN rights chief Mary Robinson, a strong supporter of the Palestinian cause, acknowledged the following about the UN Human Rights Council’s resolution that created the Goldstone inquiry:
I am afraid the resolution is not balanced because it focuses on what Israel did, without calling for an investigation on the launch of the rockets by Hamas. This is unfortunately a practice by the Council: adopting resolutions guided not by human rights but by politics. This is very regrettable.
See original article below, with quote bolded at bottom.
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(Le Temps, Angélique Mounier-Kuhn, mercredi 04 février 2009)
Mary Robinson court la planète pour une globalisation éthique.
Ancienne haut-commissaire aux Droits de l’homme, Mary Robinson commente les dossiers les chauds de ce début d’année comme la fermeture de Guantanamo et l’attaque de Gaza par Israël
Ancienne présidente d’Irlande, Mary Robinson a occupé le poste de haut-commissaire aux Droits de l’homme entre 1997 et 2002. Depuis, à la tête de l’organisme qu’elle a fondé à New York, Realizing Rights, elle continue de courir le monde pour promouvoir une globalisation éthique. Mi-janvier, elle a été nommée à la tête de la Commission internationale des juristes. De passage à Genève, elle s’exprime sur les dossiers les plus brûlants de ce début d’année en matière de droits de l’homme.
Le Temps: Dans la préface du rapport d’une ONG* publié mi-janvier sur l’effondrement du système de santé au Zimbabwe., vous y estimez que Robert Mugabe «pourrait être coupable de crime contre l’humanité». Ces mots sont très forts.
Mary Robinson: Lorsque nous avons lancé ce rapport à New York, j’ai insisté sur le fait qu’il fallait avant tout s’occuper de cette situation humanitaire de manière pratique. Je sentais que, d’une certaine manière, la santé pourrait être un vrai point d’entrée pour aider les gens sur le terrain.
Ce rapport a été publié avant que Morgan Tsvangirai (ndlr: le principal opposant au président Robert Mugabe) ne signe un accord pour entrer prochainement dans le gouvernement. J’ai de grandes réserves sur la manière dont cela va fonctionner. Mais cet accord de partage du pouvoir évacue pour l’instant toute discussion réaliste sur la responsabilité de Robert Mugabe. L’autre solution aurait été des pressions pour qu’il quitte le pouvoir, ce qui aurait été plus propice à une telle discussion.
Mais alors que le gouvernement se met en place, le plus urgent est de s’occuper de la terrible crise de civilisation au Zimbabwe. Non seulement il y a le choléra et l’anthrax, mais aussi l’interruption des traitements antirétroviraux, de la tuberculose et bien sûr les pénuries aiguës de nourriture. La tragédie est que tout cela se produit dans un pays qui n’a pas été en conflit. Elle est exclusivement le fait d’une mauvaise gouvernance politique. Cela a conduit à une violation des droits sociaux et économiques à un tel degré que la question se pose, pour la première fois, de savoir s’ils constituent un crime contre l’humanité. Mais cela devra être examiné dans un second temps.
Pour s’attaquer à cette crise sanitaire, des mesures très rapides doivent être prises qui iront au-delà de la norme. On ne peut laisser cela au nouveau gouvernement, il faut une assistance.
– Comme une énorme opération humanitaire?
– Oui, c’est ce qu’il faut pour faire face à cette crise. Une initiative qui, je l’espère, sera menée par le secrétaire général des Nations unies en personne.
– Le Zimbabwe, Gaza, le Darfour ou la Birmanie… Il semblerait que la seule bonne nouvelle en matière de droits de l’homme ces derniers temps soit la fermeture de Guantanamo.
– C’est vrai qu’il y a des situations où persistent de sévères violations des droits de l’homme. Une perspective qui nous intéresse à Realizing Rights est le rôle que peuvent jouer les femmes, notamment en Afrique, dans les processus de paix. Ce rôle doit être encouragé.
Au début du mois, j’étais à Addis-Abeba pour soutenir le Second Forum des femmes sur le Darfour. Des centaines de femmes sont venues de toutes les régions du Soudan pour demander formellement de participer au processus de paix. Les négociations attirent toujours l’attention sur les hommes en armes, ceux qui se battent, sans inclure les victimes, dont la plupart sont des femmes et leurs familles. Une initiative similaire me conduira en République démocratique du Congo en mars. Ce n’est pas une réponse complète mais je crois que ce siècle devrait être celui des femmes comme faisant partie intégrante des solutions.
Mais vous avez raison, la manière dont le président Obama a entamé son mandat suscite l’espoir qu’il y aura un soutien entier au retour de l’Etat de droit. Il est alarmant de constater à quel point les mesures antiterroristes, non seulement aux Etats-Unis mais dans une vingtaine de pays, ont malmené les normes de droit international.
– Mais ne redoutez-vous pas que la crise relègue au second plan les préoccupations en matière de droits de l’homme?
– Une des réalités premières de la crise est l’interconnexion de notre monde. Aucun pays n’a été à l’abri. Certains ont pensé que les pays émergents ne seraient pas touchés parce que la crise était une crise financière américaine. Mais ils le sont aussi.
De la même manière nous devons admettre que si des Etats pauvres périclitent, cela affectera le monde, à travers des crises de plus en plus graves. Nous ne pouvons nous permettre de telles divisions.
Le message pour les gouvernements est qu’il est de la plus haute importance d’encourager les Etats les plus pauvres non seulement à atteindre les objectifs du Millénaire, mais aussi à construire leurs institutions: renforcer les systèmes de santé et les systèmes judiciaires pour que ces pays se dotent de juges bien formés, que leurs polices ne pratiquent pas la torture… Cela implique un investissement à très long terme.
En ce qui concerne les entreprises, j’ai été à une conférence sur la compétitivité à Riyad, en Arabie saoudite, et brièvement à Davos. Dans les deux cas, les gens s’interrogeaient sur l’écroulement de la confiance et la manière de la restaurer. Selon moi, la confiance doit être gagnée et pour ce faire, les entreprises doivent intégrer des valeurs dans la conduite de leurs affaires. Les valeurs de droits de l’homme sont très pertinentes et leur respect relève de la responsabilité des entreprises. Un des aspects de l’interconnexion du monde est que de plus en plus les sociétés civiles vont demander aux entreprises de rendre des comptes. Cette crise peut être une chance de reconstruire des normes, à condition qu’elles ne cantonnent pas à la philanthropie et aux relations publiques.
– Comment avez-vous vécu l’intervention israélienne à Gaza?
– J’étais début novembre à Gaza et il était très préoccupant de constater à quel point la situation était difficile après dix-huit mois de blocus israélien. La trêve négociée par l’Egypte était en vigueur depuis six mois et les gens ne cessaient de me dire: puisqu’il y a cette trêve, pourquoi Israël n’autorise-t-il pas l’entrée de matériel nécessaire aux activités civiles? Il n’y avait rien pour l’emploi, pas de médicaments pour la santé, de manuels scolaires pour les enfants. Le blocus était complet.
Bien sûr il est totalement inacceptable et contraire au droit humanitaire que le Hamas envoie des missiles sur le sud d’Israël, effraie, blesse et tue des populations civiles. Mais je pense que le recours massif à la force, la mort d’un grand nombre de civils, la destruction d’infrastructures, comme des écoles et des bâtiments des Nations unies, posent des questions très sérieuses.
– Pensez-vous qu’il devrait y avoir des poursuites?
– Le Conseil des droits de l’homme a émis une résolution. Mais je crains que ce ne soit pas une résolution équilibrée car elle met l’accent sur l’examen de ce qu’a fait Israël sans appeler à enquêter sur les envois de roquettes du Hamas. C’est malheureusement une pratique du Conseil: adopter des résolutions guidées non pas par les droits de l’homme mais par la politique. C’est fort regrettable.
* Physicians for human rights