Lorsque UN Watch s’est exprimée à la 40ème session du Conseil des droits de l’homme au sujet de la détention d’un million de musulmans Ouïghours en Chine, la délégation chinoise a tenté de nous faire taire. Elle a échoué.
UN Watch: Nous condamnons le meurtre horrible de 50 personnes dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande. Nous présentons nos condoléances aux familles. Les musulmans du monde entier doivent pouvoir prier librement et en toute sécurité. Malheureusement, trop souvent, ceux qui prétendent défendre les droits des musulmans n’agissent pas pour les défendre contre les pires formes de discrimination. Ici dans ce Conseil, la Chine a voté pour chaque résolution contre l’islamophobie. Pourtant, en Chine… 1 million de Ouïghours sont arbitrairement …
Interruption de la Chine
Chine: Je demande au Président de prendre la décision d’arrêter la déclaration du représentant.
Président du Conseil des droits de l’homme: Je redonne la parole à l’orateur.
UN Watch: Merci, Monsieur le Président. Pourtant, en Chine 1 million de Ouïghours ont été arbitrairement détenus…
Nouvelle interruption de la Chine
Chine: Je regrette que le Président ait permis au représentant de continuer. Prenez une décision et arrêtez la déclaration du représentant.
Président du CDH: Les orateurs peuvent faire référence à des situations spécifiques de pays.
Royaume-Uni: Nous pensons que l’orateur doit être autorisé à poursuivre comme vous l’avez dit. Je vous remercie.
Président du CDH: Je donne la parole à l’orateur.
UN Watch: Pourtant, en Chine, 1 million de Ouïghours ont été arbitrairement détenus dans des camps de rééducation politique illégaux. La surveillance et la répression au Xinjiang ont augmenté de façon dramatique. Les données biométriques des résidents sont collectées, les passeports confisqués, les activités religieuses restreintes. La Chine interdit les longues barbes, les prières publiques et les voiles musulmans. Pourquoi la Chine dit-elle une chose ici et en fait une autre entièrement différente sur place ? Je demande donc une reconnaissance auprès des nations islamiques de l’Organisation de la coopération islamique. Il n’y a pas une seule résolution qui s’exprime au nom de l’OCI en faveur des Ouïghours musulmans qui sont soumis aux pires formes de discrimination.
LA SITUATION AUJOURD’HUI
Le Conseil des droits de l’homme toujours silencieux…
Depuis l’intervention de UN Watch à la 40ème session du Conseil des droits de l’homme, et malgré un éveil de la société civile, la situation n’a pas changé pour les Ouïghours en Chine, elle s’est même aggravée. La dictature chinoise commet des crimes dont un génocide reconnu par de nombreux pays, et pourtant elle n’en est pas inquiétée au sein même de la plus haute instance internationale de promotion des droits de l’homme.
En juillet 2019, alors que 22 démocraties exhortaient la Chine à cesser ses abus dans le Xinjiang, 36 pays (dont 14 pays à majorité musulmane membres de l’Organisation de la coopération islamique (OIC)) signaient une déclaration pour exprimer leur soutien à la Chine. Les “accomplissements remarquables » de la Chine en matière de droits de l’homme étaient mis en avant, en qualifiant les mesures prises par la Chine comme nécessaires pour faire face au “terrorisme” dans la région du Xinjiang.
L’ONU a, de son côté, examiné la situation des Ouïghours en Chine et au Xinjiang et le rapporteur spécial du CERD, Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies, a constaté que près d’un million de Ouïghours sont internés dans des camps et deux millions sont placés dans des “centres de rééducation”.
Pourtant, devant ces faits accablants, les instances onusiennes n’agissent pas. Quelques pays démocratiques ont décidé de réagir en reconnaissant le génocide des Ouïghours, comme le Pays Bas, le Canada, les Etats Unis, le Royaume-Uni ainsi que la Belgique qui a dénoncé le “risque sérieux de génocide”. Aux Nations Unies, les démocraties tentent de tirer la sonnette d’alarme, mais pourquoi les instances onusiennes, censées représenter les grandes valeurs des droits de l’homme et de liberté, n’agissent pas? Pourquoi aucune action n’est entreprise par cette organisation supranationale?
Un élément de réponse serait de prendre en compte la composition de ces instances onusiennes, majoritairement constituées de dictatures ou de régimes autoritaires. Le Conseil des droits de l’homme, composé de 47 membres élus selon une répartition géographique par l’Assemblée Générale de l’ONU, comprend près de 62% de dictatures ou de régimes autoritaires, dont la Chine elle-même, et se contente d’offrir l’impunité à des pays répressifs qui s’allient entre eux pour qu’aucune résolution ne les condamne.