L’OMS doit se séparer de son Ambassadeur de bonne volonté pro-Pékin

Dans une tribune publiée par le magazine Newsweek et traduite ici, le directeur général de UN Watch révèle comment l’un des Ambassadeurs de bonne volonté de l’OMS est payé par Pékin pour gérer en continu une machine de propagande blanchissant la Chine dans sa réponse à la pandémie du Coronavirus. Newsweek est lu et regardé par 60 millions de personnes chaque mois.

 

Pékin pendant le Coronavirus

 

Newsweek

Par Hillel C. Neuer
19 mai 2020

Tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se réunit virtuellement cette semaine à l’occasion de son assemblée annuelle, son chef Tedros Adhanom Ghebreyesus se doit d’expliquer pourquoi le groupe d’élite « d’ambassadeurs de bonne volonté » de l’agence inclut un présentateur de journal télévisé chinois qui a diffusé des aveux forcés et qui profite désormais de son statut à l’OMS pour étouffer la gestion scandaleuse de la pandémie de coronavirus par la Chine.

Né au Royaume-Uni et y ayant grandi, James Chau travaille à Pékin depuis 2004 en tant que présentateur de JT et animateur sur la chaîne d’état en langue anglaise contrôlée par le Parti Communiste chinois CCTV.

Chau a été nommé à l’OMS en février 2016 par sa précédente directrice, le Dr Margaret Chan, une citoyenne chinoise étroitement liée à Pékin. Les mandats ne durent que deux ans, ce qui veut dire que Tedros a renouvelé le mandat de Chau par deux fois.

Durant les interviews, Chau, diplômé de l’université de Cambridge, n’explique jamais pourquoi il a décidé de vendre son âme à un régime totalitaire et, ainsi, avec son accent britannique et sa voix profonde, influencer le public à travers le monde entier. Lorsque le Financial Times lui a posé la question, Chau s’est montré évasif.

Ce que nous savons avec certitude, c’est que son travail est de la pure propagande. D’après le site internet de la CCTV, les accomplissements de Chau incluent la couverture « d’évènements majeurs » tels que les sessions annuelles du Congrès populaire national, qui ne sont autre que des simulacres de démocratie à la chorégraphie minutieusement orchestrée.

Chau présente actuellement « The China Current », un programme en ligne initié par la « China-United States Exchange Foundation », organisme étranger officiel qui vise à étendre l’influence de la Chine. D’après le magazine Foreign Policy, le sponsor de Chau est « financé par un politicien haut placé du gouvernement chinois qui possède des liens étroits avec le dispositif en plein essor du Parti communiste chinois chargé des opérations d’influence à l’étranger, connu sous le nom de « front uni »».

Le fait que Chau soit un porte-parole rémunéré d’un des régimes les plus répressifs du monde – qui a emprisonné un million de musulmans Ouïghours dans des camps de « rééducation » – suffit de le disqualifier pour représenter une agence de l’ONU dont la constitution parle des « droits fondamentaux de tout être humain ».

Mais il y a pire.

Chau ne se contente pas de lire des actualités approuvées par le gouvernement sur des histoires sans intérêt. Comme le rapporte le New York Times, Chau a diffusé les aveux forcés de Peter Humphrey, un détective privé britannique arrêté en 2013 et accusé de détenir et de vendre illégalement les données de citoyens chinois. Humphrey a été drogué, enchaîné à une chaise, enfermé dans une cage et forcé à lire des aveux.

Ainsi, cela ne devrait surprendre personne que Chau, armé de la légitimité que lui confère son sésame onusien, ait été chargé depuis le début de la pandémie de promouvoir Pékin sur Twitter, WeiboYouTube et sur l’ensemble de la toile, ce dernier abusant ainsi de son titre à l’OMS pour étouffer les scandales de la Chine et légitimer le régime et ses officiels.

Glorifié par l’ONU (qui vient juste de publier un autre message de Chau), les déclarations volumineuses du soi-disant journaliste sur la réponse de Pékin à la pandémie omettent de mentionner comment le Parti communiste chinois a purgé la sphère publique des dissidents, a censuré les reportages, a harcelé les journalistes indépendants, a fermé les sites d’actualités et a convoqué le Dr Li Wenliang pour lui faire subir un interrogatoire au beau milieu de la nuit pour avoir tiré la sonnette d’alarme à Wuhan.

Sur Twitter, Chau excuse les mesures répressives de la Chine en déclarant « ils n’ont pas le choix, c’est la situation qui l’oblige », ajoutant « tout n’est pas « draconien » ».

Au sein d’une tribune publiée le 6 février dans The Hindu, intitulée « Il faut faire preuve de solidarité. Ce n’est pas le moment de stigmatiser », Chau défendait Pékin avec zèle. Oui, l’OMS venait juste de déclarer que le COVID-19 était une urgence sanitaire mondiale mais, « cela étant dit », ce n’était « pas un vote de défiance concernant la capacité de la Chine à endiguer l’épidémie ».

Les comparaisons des médias avec le SRAS, Chau a mis en garde, exagéraient « l’ampleur et la sévérité du foyer épidémique de Wuhan ».

Il nous a prévenus que les vidéos qui étaient partagées et qui montraient des scènes de chaos dans les hôpitaux de Wuhan n’étaient pas « vérifiées » et que, donc, « nous ne pouvons pas conclure que ces vidéos sont liées au foyer épidémique de Wuhan.» Chau n’a rien dit concernant le fait que la Chine a commencé à censurer les mots-clés liés à l’épidémie de coronavirus le 31 décembre 2019, un jour après que le docteur Li Wenliang et d’autres docteurs aient essayé d’avertir la population.

Dans son programme en ligne sur YouTube et son podcast, Chau insiste sur le fait que Tedros « accorde sa pleine confiance à la Chine » et qu’il « a confiance en son leadership ».

Dans des vidéos de propagande à la musique exaltante, Chau récite les toutes dernières directives de l’OMS mais aussi des platitudes sur « la transparence et la solidarité». Et pourtant, sa chronologie relative à Wuhan évite de faire référence aux personnes arrêtées et à celles que le gouvernement a fait disparaître pour avoir tiré la sonnette d’alarme.

Lorsqu’il interviewe l’ancien Ministre-adjoint des Affaires étrangères de la Chine He Yafei, Chau détourne l’attention loin de la Chine en demandant « Comment le monde a-t-il pu en arriver là ? ». À son tour, l’ancien diplomate chinois appelle le monde à « consacrer plus de temps à la gouvernance planétaire en matière de santé». Chau ne remet pas en cause ces déclarations et évite de mentionner que la Chine a, d’après certaines informations, mis la pression sur l’OMS pour qu’elle s’abstienne de déclarer l’urgence sanitaire.

Chau est également régulièrement invité sur la chaîne CGTN, une filiale mondiale de CCTV. Dans une émission attaquant des articles critiques du New York Times, la chaîne chinoise a invité Chau – présenté comme un ambassadeur de bonne volonté de l’ONU – pour parler de la nécessité de « faire confiance » aux dirigeants. Dans une autre émission, Chau a été invité à détailler « la perspective de l’Organisation mondiale de la santé ». Il y a dénoncé « le racisme institutionnel, systémique et structurel » des États-Unis.

L’OMS et son directeur Tedros sont légitimement sous le feu des critiques après avoir, de manière répétée, encensé avec zèle le régime du président Xi Jinping en louant son « sérieux », sa « transparence » et son « leadership » dans la gestion de la pandémie.

Pour commencer à regagner un semblant de crédibilité, l’OMS doit déchoir immédiatement James Chau de son titre honorifique d’ambassadeur de bonne volonté.

Signez ici notre pétition pour demander à l’OMS de mettre fin au mandat de James Chau.

 

UN Watch