GENÈVE, le 24 Juin 2016 – Quand le représentant du Vénézuela à l’ONU a interrompu un discours, il a été repris par le président du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU (voir ci–dessous). C’était une tentative ratée d’arrêter la lecture d’un appel aux membres du conseil destiné à libérer les prisonniers politiques à l’occasion du 10e anniversaire du conseil.
L’appel, signé par les membres des familles des prisonniers politiques en Arabie Saoudite, Russie, Chine, au Vénézuela, Vietnam et à Cuba, a été lu aujourd’hui en séance plénière du conseil par Hillel Neuer, Directeur exécutif de UN Watch, une ONG de défense des droits de l’homme basée à Genève.
Dès que M. Neuer a mentionné le nom du chef de l’opposition emprisonné, Leopoldo Lopez, le délégué du Vénézuela l’a interrompu. « Nous ne pensons pas qu’il soit approprié de mentionner des pays spécifiques, » a-t-il dit, même si la quasi-totalité des 15 discours des ONG précédentes avaient fait exactement cela.
Toutefois, l’objection a été rejetée avec une fermeté rare par le président de la séance, qui a défendu avec force le droit à s’exprimer de UN Watch. «J’ai l’impression que l’orateur était parfaitement dans le cadre de ce point de l’ordre du jour. Nous sommes tous en faveur de la participation de la société civile, c’était justement un groupe de la société civile elle-même qui vient de s’exprimer », a t-il dit.
De nombreux diplomates de l’ONU qui président aux sessions prennent garde de ne pas défendre des activistes pour ne pas offenser les délégués de certains pays.
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Appel pour une Amnestie générale des prisonniers politiques
Témoignage devant le Conseil des droits de l’homme, délivré par le directeur exécutif de UN WATCH, Hillel Neuer, le 24 juin 2016.
Monsieur le Président, cette session marque le 10e anniversaire du Conseil, célébré par un événement de haut niveau rassemblant tous les présidents du Conseil de ces dix dernières années, avec des concerts, et des drapeaux festifs arborés au-dessus du pont du Mont-Blanc qui surplombe le lac Léman.
United Nations Watch prend la parole aujourd’hui pour faire un appel spécial. Nous le faisons au nom des membres des familles des prisonniers politiques dans le monde entier qui ont déclaré leur soutien:
- Ensaf Haidar, épouse de Raif Badawi, blogueur, prisonnier politique en Arabie Saoudite,
- Anastasia Zotova, fiancée de Ildar Dadin, militant des droits de l’homme et prisonnier politique en Russie,
- Ti-Anna Wang, fille de Wang Binzhang, leader pro-démocratie, prisonnier politique en Chine
- Lilian Tintori, épouse de Leopoldo López, chef de l’opposition, prisonnier politique au Venezuela
- Dang Ngoc Minh, mère de Nguyen Dang Minh Man, journaliste, militant de la démocratie et prisonnier politique au Vietnam
- Yunisleisi Soto Garcia, épouse d’Alexandre Palacio Reyes, militant pour la démocratie et prisonnier politique à Cuba
Nous pensons qu’il ne peut y avoir de meilleure façon pour le conseil pour célébrer son anniversaire qu’en annonçant une décision qui incarnerait les valeurs fondatrices de la résolution 60/251, qui a réaffirmé que tous les États, quels que soient leurs systèmes politiques, économiques et culturels, ont le devoir de promouvoir et de protéger les droits de l’homme partout.
Une décision qui incarnerait la garantie de l’article 9 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, que nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Une décision qui incarnerait l’engagement solennel des Etats membres du Conseil, à faire respecter les normes les plus strictes dans la promotion et la protection des droits de l’homme, et à coopérer pleinement avec le Conseil et ses mécanismes, qui comprend le Groupe de travail sur la détention arbitraire, qui a, et ce à plusieurs reprises, appelé à la libération de tous les prisonniers politiques.
Par conséquent, étant donné que, en dépit de tout ce qui précède ci-dessus, de nombreux États membres du Conseil continuent d’emprisonner arbitrairement des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes, des dirigeants de l’opposition, des dissidents, blogueurs et militants de la démocratie, qui sont détenus sous des accusations criminelles comme moyen de porter atteinte à l’exercice de leurs droits fondamentaux, et de les réduire au silence,
Nous appelons ainsi tous les Etats membres du Conseil à honorer leurs obligations, et, avec l’objectif de prouver que ce 10e anniversaire ne concerne pas seulement des concerts et des drapeaux, mais aussi et surtout des êtres humains, à proclamer une amnistie pour tous les prisonniers politiques et à les libérer immédiatement.