Rami Aman, un militant palestinien pour la paix, raconte le calvaire de la torture dans les prisons du Hamas, au cours d'une interview sur le toit de sa maison familiale à Gaza, le 10 février 2021.

UN Watch dévoile dans un rapport pour les experts de l’ONU l’étendue des tortures pratiquées par les Palestiniens

GENÈVE, 15 juillet 2022 — UN Watch, une organisation indépendante de défense des droits humains basée à Genève, dénonce la pratique routinière de la torture par l’Autorité palestinienne et le Hamas sur les militants des droits humains, les femmes, les personnes LGBTQ+, les opposants politiques, les soi-disant « collaborateurs », et les Palestiniens qui vendent leurs terres à des Juifs.

L’organisation de défense des droits humains UN Watch émet ses critiques dans un nouveau rapport qui a été remis au Comité contre la torture de l’ONU, qui se réunira la semaine prochaine pendant 2 jours, les 19 et 20 juillet, afin d’examiner la façon dont les Palestiniens se conforment à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le panel de l’ONU a publié notre rapport sur son site web.

« Les preuves continuent à s’accumuler d’un usage très répandu de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants contre les personnes détenues par les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, » a déclaré Hillel Neuer, le directeur exécutif de UN Watch.

Des délégués de UN Watch présenteront le rapport au Comité composé de 10 personnes, au cours d’un briefing qui se tiendra à huis clos le 18 juillet, soit un jour avant que les experts ne se réunissent afin d’interroger longuement l’Autorité palestinienne – pour la première depuis que celle-ci a ratifié le traité en 2014.

Alors que tout le monde s’attend à ce que l’Autorité palestinienne essaie de vendre le mensonge selon lequel elle aurait tenu ses promesses, UN Watch affirme au contraire que la réponse de 67 pages rédigée par l’AP – et soumise au Comité avec 4 ans de retard – cherche à absoudre les Palestiniens de leur responsabilité conventionnelle à l’égard du traité contre la torture. Car justement, l’Autorité palestinienne dans sa réponse pointe Israël du doigt, et cherche à détourner l’attention de son propre historique en matière de torture, qui est pourtant le sujet qui doit être examiné par l’ONU

Selon Dina Rovner, la conseillère juridique de UN Watch, la réponse des Palestiniens « ne contient aucune donnée sur l’ampleur de la pratique de la torture par l’Autorité palestinienne et le Hamas, ni aucune mesure mise en place pour empêcher le recours à la torture pendant les interrogatoires, et n’offre aucune information sur les cas individuels de torture, de justice réparatrice pour les victimes, ou d’actions réalisées afin de s’attaquer aux causes sous-jacentes de ces violations. »

Torture des LGBTQ+

Selon le rapport de UN Watch, les personnes LGBTQ+ vivant sous le contrôle de l’Autorité palestinienne et du Hamas sont les victimes « de graves persécutions et d’un phénomène d’ostracisation. »

Les palestiniens homosexuels qui ont réussi à s’échapper racontent les tortures atroces infligées par l’AP et le Hamas, y compris les tentatives, souvent réussies, de leur arracher par la force les noms d’autres homosexuels, de les marier de force, ainsi que les menaces de mort qui leur sont faites.

« Ils m’ont arrêté, m’ont suspendu au plafond, m’ont passé à tabac et m’ont interrogé pendant cinq jours, » raconte un Palestinien homosexuel de Gaza, qui vit à présent en exil en Turquie.

« Tout le monde a peur de toute le monde. Certains ont été punis, d’autres ont été tués. D’autres encore se sont suicidés, » témoigne un autre homme homosexuel originaire de Gaza.

Torture de militants par l’Autorité palestinienne

Les tortures régulièrement employées par l’Autorité palestinienne comprennent des passages à tabac, des mises à l’isolation de détenus, des coups de fouets donnés sur la plante des pieds, des menaces et des moqueries, ainsi que forcer les prisonniers à se mettre dans différentes des positions douloureuses pendant des périodes de temps prolongées.

En mai 2021, les forces de sécurité de l’AP ont arrêté des douzaines de militants et d’étudiants considérés comme des critiques du régime. Emmenés à la tristement célèbre prison de Jéricho, surnommée « l’abattoir », ils ont été accusés de « fomenter un conflit sectaire et racial », et furent soumis à la torture.

Le 24 juin 2021, la mort, alors qu’il était détenu par l’Autorité palestinienne, de Nizar Banat, un critique du régime, a déclenché une vague de manifestations en Cisjordanie. La police de l’AP a répondu en arrêtant et en passant à tabac les manifestants, ainsi que des journalistes, des militants issus de la société civile, et des avocats.

« Jamais de ma vie je n’avais vu autant de brutalité. Les cris des personnes hurlant à l’intérieur du poste de police, jusqu’à ce jour, je continue de les entendre, » a déclaré le journaliste radio palestinien Akil Awadah, qui a été frappé et arrêté le 5 juillet 2021 en compagnie de plusieurs autres manifestants.

Le Hamas à Gaza emploie lui aussi de façon régulière la torture. Le militant pour la paix, Rami Aman, détenu par le Hamas pendant plus de six mois en 2020, a parlé publiquement des tortures que lui a infligé le Hamas.

En mars 2019, les forces de sécurité du Hamas ont tabassé à coups de matraques plus de 1 000 personnes, dont des journalistes et des défenseurs des droits humains. Nombre d’entre eux ont été torturés.

Torture des “collaborateurs”

Les Palestiniens accusés de « collaborer » avec Israël sont régulièrement torturés par l’Autorité palestinienne et le Hamas.

Les formes de torture utilisées sur les détenus comprennent des passages à tabac, des brûlures des mégots de cigarettes sur leurs corps, des arrachages de dents, les forcer à demeurer dans des positions douloureuses, et leur molester les organes génitaux.

En juin 2018, un tribunal israélien a ordonné à l’Autorité palestinienne de verser une somme de 3,5 millions de dollars en compensation à 51 victimes et familles de victimes palestiniennes qui avaient été arrêtées et torturées par l’AP entre 1990 et 2003, pour avoir fourni de l’aide aux forces de sécurité israéliennes afin d’empêcher des attaques terroristes.

Et pourtant cette pratique continue. En mars 2022, Suha Jbara, qui possède la double nationalité palestinienne et américaine, a témoigné que des agents de l’Autorité palestinienne l’avaient torturée à la fin de l’année 2018 pour avoir « collaboré » avec Israël.

« La personne qui menait l’interrogatoire a aussi menacé de me violer, et a commencé à me frapper. Il a dit savoir comment me frapper sans laisser de traces sur mon corps. L’interrogatoire et les coups ont durés toute la nuit. » a-t-elle dit.

Il est aussi de notoriété publique que le Hamas à Gaza torture et exécute les personnes qu’il suspecte d’être des « collaborateurs ».

Torture des Palestiniens qui vendent leurs terres à des Juifs

Les Palestiniens qui vendent des terres à des juifs sont régulièrement torturés et tués. En décembre 2018, Isaam Akel, qui détient la double nationalité palestinienne et américaine, a été condamné à la prison à vie avec travaux forcés pour avoir contrevenu à la loi palestinienne interdisant la vente de terres aux Israéliens. Sa femme et un officiel américain qui lui ont rendu visite en prison ont tous deux confirmé qu’Isaam Akel avait été placé à l’isolement et torturé.

Le cas d’Akel n’est qu’un exemple parmi d’autres qui illustre la façon dont l’Autorité palestinienne manque à ses obligations conventionnelles contre la torture, ainsi que nous l’avons documenté dans notre rapport.

« Nous sommes confiants dans le fait que les preuves et les témoignages difficiles que nous avons recueillis aideront le Comité d’experts de l’ONU la semaine prochaine, lorsqu’il examinera si oui ou non, l’Autorité palestinienne a tenu sa promesse d’éradiquer l’usage de la torture. »

Hillel Neuer a demandé au représentant palestinien à l’ONU à Genève, Ibrahim Khraishi, d’être transparent sur l’usage routinier de la torture par l’Autorité palestinienne pendant l’examen par le Comité.

UN Watch