Rapport: des violateurs des droits de l'homme seront élus au CDH


GENEVE, le 16 Octobre 2019 – A la veille des élections de 14 nouveaux états en tant que membres du Conseil des Droits de l’Homme, une coalition d’ONG s’oppose fermement à l’élection de l’Indonésie, l’Irak, la Libye, la Mauritanie, le Soudan et le Venezuela. Ces pays ne sont pas qualifiés pour être membres de la plus haute instance onusienne des droits de l’homme, d’une part à cause de leurs propres abus en matière de droits humains et d’autre part à cause de leurs votes sur les résolutions de l’ONU.
Les abus de ces candidats sont détaillés dans un rapport (en anglais) qui a été remis aux diplomates de l’ONU, publié par UN Watch, Human Rights Foundation et le Raoul Wallenberg Center for Human Rights.
Parmi les états africains, il y a quatre candidats pour quatre sièges. A cause de ce manque de compétition, la Libye (un état en déliquescence), la Mauritanie (avec ses 500’000 esclaves) et le Soudan (dont le leader jusqu’au mois d’Avril était recherché pour génocide) sont des vainqueurs par défaut, sauf si les états votants, de façon exceptionnelle, refusaient d’endosser ces candidatures.
« Elire le Venezuela de Maduro pour juger des droits humains à l’ONU revient à élire un pyromane comme chef des pompiers », commente Hillel Neuer, directeur de UN Watch, qui a mené une campagne sur le médias sociaux, pour empêcher le Venezuela de gagner.
Irwin Cotler, à la tête du Raoul Wallenberg Center for Human Rights et ancien ministre de la justice du Canada, a ajouté : « Malheureusement, en élisant au CDH des états qui ne respectent pas les droits de l’homme, l’ONU soutient l’impunité qu’elle est censée combattre. Les démocraties doivent faire le nécessaire pour préserver et protéger le mandat du Conseil des Droits de l’Homme, et ne pas se rendre complice de ses failles. »
Neuer insiste sur le mythe, au sein des diplomates de l’ONU, selon lequel ces derniers seraient tenus de voter pour les candidats qui se présentent dans le cas où il n’y a pas d’alternatives : « Comme nous l’avons expliqué dans notre rapport, les états peuvent et doivent se retenir d’élire au CDH des états qui transgressent les droits humains. Il faut désormais que Federica Mogherini et les états de l’UE montrent la voie et s’opposent aux pires régimes. Jusqu’à aujourd’hui, ils ont gardé le silence ».
Malheureusement, selon Hillel Neuer, « il semble que les Nations Unies à l’encontre de leurs propres principes, voteront en faveur de la Libye, la Mauritanie et le Soudan ; ceci bien que ces régimes violent systématiquement les droits humains de leurs citoyens et se positionnent toujours contre les initiatives de l’ONU qui protègent les droits des citoyens des autres pays ».
« Nous espérons que grâce au Costa Rica, candidat tardif mais bienvenu pour l’Amérique Latine, les états rejetteront la candidature absurde Venezuela ».
Le rapport estime aussi que les candidatures de l’Arménie, du Bénin, du Brésil et de la Moldavie sont contestables, et que leur bilan en termes de respect des droits de l’homme et vote de résolution de l’ONU doit être amélioré.
UN Watch propose une réforme majeure du système électoral. « Si nos propres démocraties continuent de ne pas tenir compte des critères d’élection en votant pour des états qui transgressent les droits humains », a déclaré Neuer, « alors nous devrions tout simplement supprimer les élections et faire de chaque pays un membre. Les états non-démocratique ne pourront plus se prévaloir de leur statut de membre élu au CDH comme d’une légitimité internationale pour couvrir les abus de leurs régimes ».
« Malheureusement, a déclaré Neuer, l’UE n’a pas dit un mot sur les candidatures hypocrites qui minent la crédibilité et l’efficacité du système des droits de l’homme des Nations unies. En fermant les yeux, les grandes démocraties se rendent complices du déclin moral du CDH ».
« C’est une insulte aux victimes des abus, et une défaite pour les droits humains, si l’ONU aide les auteurs de violences flagrantes à agir comme les champions et les juges mondiaux des droits de l’homme. Lorsque au sein de la plus haute instance de défense des droits de l’homme de l’ONU, c’est le loup qui garde la bergerie, ce sont les victimes de notre planète qui souffrent « , a déclaré Neuer.
 

UN Watch